Ribe, 814. Le vent salé lui fouette le visage alors qu’il s’humecte les lèvres, les yeux rivés sur l’océan. Quelque chose approche, la fille de Freyr l’a dit. Quelque chose d’immense et d’étranger, quelque chose contre quoi il faudra lutter. Lui, n’a pas de prémonitions. Lui, ne peut pas sentir les aléas du destin et les nœuds qui se nouent et dénouent. Lui regarde la mer et, les mains tendues devant lui, fait rouler des vagues de la taille des maisons, ouvre les flots pour en voir le fond. Il n’a pas besoin de voir pour savoir qu’à des encablures du port, les navires des envahisseurs ont rencontré la Mort. Sous les vagues, Njord sourit. Ce soir, son fils fera un sacrifice pour lui. Copenhague, 1999. Assis sur une table en fer forgé blanche, il fixe ses mains, la mâchoire serrée. Quelque chose ne va pas. Quelque chose cloche, à cette période, quelque chose se meurt, quelque chose gronde. Les anciens pouvoirs se meurent, chuchotent les anciens dieux, les anciens pouvoirs s’épuisent et s’étiolent et s’évaporent. Les enfants de dieux qui se réfugient au Tivoli n’ont plus la même énergie ; la magie qui les parcourt à une époque ne ressemble plus aux torrents d’autrefois. Il tapote le bout de ses ongles contre la table. En face de lui, Loki sourit. Les anciens dieux n’ont pas encore disparu. Copenhague, 2016. Le Tivoli bruisse d’activité. Quelque part au loin, des enfants crient, expédiés dans le ciel par une des attractions. À l’affût, elle guette. Des failles sont apparues dans les protections qui barrent la vue des Normes, le secret menace chaque jour d’être révélé. Il y a la peur, qui gronde et qui guette chez les héritiers des anciens dieux, la peur de voir les sanctuaires souillés, de voir les anciennes murailles tomber. Les dieux qui dominaient Asgard disparaissent peu à peu, emportant leur magie avec eux, avalant, dévorant les dernières traces de magie. Les sanctuaires à travers le monde tombent peu à peu. Les rumeurs grondent. Quelque part dans l’ombre, la Menace guette.